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1 avril 2010 4 01 /04 /avril /2010 13:12

     Il est bien connu que nombre de personnes aux cheveux délicats et sensibles répugnent à aller chez le coiffeur, car elles souffrent le martyre à chaque coup de ciseaux de l'homme de l'art. Je sais bien que la plupart de nos modernes capilliculteurs  sont en mesure de proposer une anesthésie générale à leur fidèle clientèle. Mais outre que cette technique obère le coût de la coupe, elle n'est pas sans inconvénients pour la santé. Cette pratique est d'autant plus risquée, qu'elle est le plus souvent, hélas, confiée à une jeune stagiaire inexpérimentée, en première année d'apprentissage. Quels risques insensés ne fait-on pas courir à une clientèle mal informée ! Je la condamne formellement. Reste la possibilité d'avoir recours à une anesthésie locale. Mais l'enjeu en vaut-il la chandelle ? On peut en douter car les piqûres du cuir chevelu sont le plus souvent aussi douloureuses que celles provoquées par les ciseaux du merlan. Je ne la recommande donc pas non plus.

     Aussi devant cette situation désespérante à laquelle sont confrontés nos concitoyens à chevelures hyperalgiques, je n'ai eu de cesse de chercher un succédané à la coupe de cheveux classique, qui soit simple à réaliser, peu onéreux pour le mettre à la portée de toutes les bourses, efficace et sans danger et surtout indolore. Je m'honore, après de longues et patientes recherches, au prix parfois de ma santé, de proposer à mes lecteurs le résultat de mes efforts acharnés, enfin couronnés de succès.

     Voici comment il faut procéder :
     Après un lavage et un séchage soigneux des cheveux, imbibez-les avec de l'alcool à brûler, un ingrédient, on en conviendra, peu coûteux et facile à se procurer. Mettez le feu, si possible avec une allumette en bois, plutôt qu'avec un briquet ou un chalumeau, plus délicats à utiliser. Je conseille de procéder le soir, à la nuit tombante, tous feux éteints et de réunir toute la famille pour admirer ce spectacle féerique d'une chevelure flamboyante se reflétant dans le miroir qui ne manque pas de surmonter le plus humble lavabo. On ne s'en lasse pas et les enfants adorent. Songez aussi aux économies de chauffage et de lumière que vous réaliserez. Puis, quand les cheveux sont brûlés à la longueur voulue, il suffit de plonger la tête dans le lavabo préalablement rempli d'eau glacée, ce qui a pour résultat d'éteindre instantanément les flammes et de rafraîchir délicieusement le cuir chevelu et les méninges sous-jacentes.
     Ce procédé donne non seulement une coupe de cheveux impeccable mais il les fortifie par la même occasion. Il  est, bien entendu, totalement indolore. Autre avantage accessoire, mais non négligeable, il permet d'éradiquer radicalement  en une seule fois, poux et lentes, si fréquents chez les enfant d'âge scolaire, au grand désespoir des parents
impuissants à en venir à bout.
      Mes détracteurs ont émis des critiques infondées et souvent ridicules auxquelles je veux répondre pour la tranquillité de mes lecteurs. Ils allèguent un risque imaginaire d'incendie. Ce risque est bien évidemment nul si on applique mes consignes à la lettre, notamment d'être à portée d'un point d'eau. Néanmoins les plus pusillanimes pourront se procurer un extincteur, sans doute inutile, mais qui aura le mérite de les rassurer. Certains utilisateurs particulièrement anxieux, m'a-t-on rapporté, font appel à un pompier dont ils louent les services pour une somme modique à la caserne voisine de leur domicile. Toutes ces précautions me paraîssent superfétatoires eu égard à l'innocuité de l'opération.
      Ils ont également allégué le risque de brûlure du cuir chevelu. Billevesées, car un lecteur tant soit peu observateur vérifiera que cela est physiquement impossible; il sait bien que les flammes ont tendance à monter et par conséquent épargneront la peau sous-jacente. Je lèverai les derniers doutes, s'il en est encore, en faisant remarquer que sous les flammes se forme une couche d'air isolante protectrice qui prévient tout risque de brûlure.
      A bout d'arguments mes détracteurs ont alors avancé une autre raison que je vais balayer d'un revers de main. Ils ont excipé d'un échauffement préjudiciable au bon fonctionnement cérébral
. Je réponds que la couche d'air isolante déjà mentionnée prévient tout risque de ce genre. Et à supposer même qu'il existât réellement, ce serait plutôt un avantage, car l'échauffement provoquerait une vasodilatation cérébrale, donc une meilleure irrigation du cerveau et améliorerait son fonctionnement. Et, cédant au risque d'être taxé de fat et de prétentieux, j'ose proclamer que depuis que j'utilise régulièrement ma méthode, je me sens nettement plus intelligent. Mes contempteurs aigris feraient bien de m'imiter; ils auraient sans doute des arguments plus pertinents à m'opposer.
      Je pense avoir répondu à toutes les critiques et les avoir toutes anéanties. C'est donc d'un coeur léger et conscient de l'immense progrès que je viens de faire accomplir à la science capillaire, que je livre ma méthode dont chacun pourra disposer librement. Ma récompense sera dans les messages de satisfaction que mes lecteurs ne manqueront pas de m'adresser et ma fierté sera d'avoir su soulager mes infortunés concitoyens capillalgiques.
    
Tel est mon voeux le plus cher.

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commentaires

A
<br /> <br /> Quelle ingénieuse idée... je m'en vais de ce pas annuler mon rendez-vous chez le coiffeur!<br /> <br /> <br /> <br />
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